En t'oubliant, je me souviens En t'oubliant, je me souviens D'la glycine au printemps qui sort ces premières fleurs Des bourgeons tout tremblants qui exhalent ton odeur Respirant leur parfum, je me mets à songer À songer qu'il est temps, qu'il est temps d'oublier En t'oubliant, je me souviens En t'oubliant, je me souviens De ces croquis dormant dans les taches de peinture Des visages grimaçants graffités sur les murs Une esquisse au fusain me fait me rappeler Me rappeler qu'il est temps, qu'il est temps d'oublier En t'oubliant, je me souviens En t'oubliant, je me souviens Tes lèvres sifflotant ce qui trottait dans ta tête Des rythmes à contre temps certains soirs de goguette En chantant ce refrain qui reste inachevé J'me souviens qu'il est temps, qu'il est temps d'oublier En t'oubliant, je me souviens En t'oubliant, je me souviens Du piquant du piment, de la fleur de muscade Et du goût du safran dans la moindre salade Buvant un verre de vin que j'aim'rais épicé J'me souviens qu'il est temps, qu'il est temps d'oublier En t'oubliant, je me souviens En t'oubliant, je me souviens D'un geste consolant, du vestige d'une étreinte J'ai comme un serrement quand je ressens l'empreinte D'une épaule retenant toutes les larmes versées J'me souviens qu'il est temps, qu'il est temps d'oublier En t'oubliant, je me souviens En t'oubliant, je me souviens D'un parfum entêtant, de certaines saveurs D'un air pas très chantant, d'un dessin plein d'ardeur Je m'en rappelle bien, et pourtant je le sais Je sais qu'il est grand temps mais j'oublie d'oublier ...